La Scientologie fait face à un regain d'attention après la mort d'une adepte en Floride


New York Times 1 Décembre 1997


La mort de Lisa McPherson en couverture du New York Times

Il y a deux ans mourait Lisa McPherson, faute de soins, dans l'hôtel du Fort Harrison, dans des circonstances accablantes pour les Scientologues. En souvenir de sa mort, des manifestations ont eu lieu le Vendredi 5 et le samedi 6 Décembre à Clerawater.


La Scientologie fait face à un regain d'attention après la mort d'une adepte en Floride

1er Décembre 1997

Par DOUGLAS FRANTZ

CLEARWATER, Floride. Il y a deux ans pendant un après-midi de Novembre, une Scientologue de 36 ans, Lisa McPherson, eut un accident de la route sans gravité. Elle ne fut pas blessée mais, inexplicablement, se deshabilla complètement et commença à marcher nue dans la rue. Une infirmière [d'un équivalent du SAMU NDT] la fit rapidement monter dans une ambulance et lui demanda pourquoi elle avait enlevé ses vêtements. Mlle McPherson lui répondit : "J'avais besoin d'aide. J'avais besoin d'aide.".

Elle fut emmenée dans un hôpital des environs pour un examen psychiatrique, mais plusieurs Scientologues arrivèrent et expliquèrent que leur religion interdit le recours à la psychiatrie. Mlle McPherson demanda à s'en aller, et elle fut confiée aux soins des Scientologues.

Dix-sept jours plus tard, après être restée sous surveillance 24h/24 dans un hôtel de la Scientologie du centre-ville de Clearwater, Mlle McPherson était morte. D'après les rapports de l'Eglise, elle recrachait la nourriture, tapait violemment sur les murs de sa chambre et avait des hallucinations. L'examinateur médical rapporta que Mlle McPherson n'avait pas absorbé d'eau pendant au moins les 5 à 10 derniers jours et qu'elle est morte à cause d'un caillot de sang provoqué par une grave deshydratation.

Les autorités de l'Eglise n'admettent aucune responsabilité dans sa mort et mettent en cause les conclusions de l'examinateur médical. Mais l'image d'une jeune femme d'affaires en bonne santé basculant dans la folie et mourant à l'intérieur d'une propriété de l'Eglise de Scientologie de cette ville à ranimé de vives suspiscions dans cette seraine communauté de retraités, qui depuis vingt ans est devenue le quartier général à la spiritualité sans pareil de l'une des églises les plus controversées du monde.

Depuis son emménagement ici en 1975, la Scientologie a acheté pour 32 millions de dollars en propriétés, surtout au centre-ville, et les quelques mille membres qui y travaillent peuvent être vus à chaque coin de rue dans leurs uniformes pseudo-navaux [ce sont des membres de la Sea Org]. Les adeptes possèdent des douzaines de magasins, et les dévôts viennent du monde entier chaque année pour prendre des cours top-niveau de Scientologie disponibles seulement à Clearwater [certains cours OT].

Mais malgré ses efforts pour atteindre la respectabilité ici et à l'étranger, l'Eglise de Scientologie n'a jamais surmonté le manque de confiance et la peur engendrés par son arrivée clandestine à Clearwater il y a plus de vingt ans. On ne sut qu'après que la Scientologie était venue ici avec un plan détaillé par écrit pour prendre le contrôle de la ville et faire taire tous ceux qui se mettaient sur sa route. Aujourd'hui, alors que le plan a échoué, la méfiance est telle qu'un officier de renseignements est assigné à la surveillance de l'organisation, et des inspecteurs sont en train de terminer l'enquête criminelle sur la mort de Lisa McPherson.

De même qu'elle met en relief la relation de l'église avec cette ville de la Gulf Coast, un examen de la vie et de la mort de Mlle McPherson incluant une vérification des fichiers de l'église ainsi que d'autres documents provenant d'un procès intenté par sa famille offre un regard particulièrement riche dans le monde intérieur d'une Scientologue. Il montre comment pratiquement chaque aspect de sa vie - le travail, les amis, les relations avec sa famille, et même le choix du lieu de ses vacances - était influencé par l'église.

Il montre également les exigences financières que la Scientologie impose à ses membres, et l'énorme valeur pour l'église de la décision-clé de l'Internal Revenue Service [les impôts] en 1993, lui accordant l'exemption de taxes.

Mlle McPherson travaillait dans une entreprise appartenant à des Scientologues et dépensait une telle partie de son salaire dans des cours de l'église qu'elle dût emprunter à son employeur de quoi continuer à suivre les cours de doctrine de l'église, selon des documents fournis au New York Times par les avocats de la famille. Elle avait le droit de déduire de ses impôts les prix payés pour ces cours, mais quand elle recevait le remboursement du gouvernement fédéral, elle le versait immédiatement à ses employeurs pour payer d'autres cours.

Depuis qu'elle a le status d'exemption de taxes, la Scientologie a lancé une campagne pour augmenter les contributions et tourner cette déduction à son avantage.

Depuis 25 ans, l'IRS considérait la Scientologie comme une entreprise commerciale et refusait de lui donner l'exemption de taxes garatie aux églises. L'agence a renversé sa position après une campagne de l'église incluant des procès, l'utilisation de détectives privés pour faire des enquêtes sur les responsables de l'IRS et une rencontre entre le leader de l'église [David Miscavige, aka La Flaque] et un représentant de l'IRS.

La pression financière sur les membres de la Scientologie est l'une des raisons qui poussent des critiques du monde entier à la décrire comme une secte et une arnaque destinée à tromper les fidèles, qui payent des sommes importantes pour poursuivre les séances [l'audition]. C'est la raison principale donnée par le gouvernement allemand pour refuser de reconnaître la Scientologie comme une religion.

Au-delà des questions financières, les circonstances de la mort de Mlle McPherson soulèvent des interrogations pour déterminer si les décisions de l'église concernant son traitement médical, particulièrement concernant le refus pour des raisons philosophiques de fournir une aide psychiatrique adéquate, ont contribué à sa mort.

Pour leur part, les autorités de l'église et les avocats ont déclaré que la mort était accidentelle, le résultat d'un caillot de sang non detecté. Ils ont accusé le Département de Police d'une vendetta et ont déclaré qu'ils n'auraient pas fait d'enquête sur la mort de Mlle McPherson si elle n'avait pas été Scientologue.

Répétant inlassablement les mêmes arguments que pendant les luttes avec les gouvernements du monde entier, les autorités de l'église ont déclaré que les jours où les critiques étaient attaqués en secret étaient terminés depuis longtemps [BWAHAHAHAHA] et que la Scientologie voulait seulement être un bon voisin. Ils ont récité une liste de projets civiques, du sponsor des Boy Scouts jusqu'à l'organisation d'un carnaval d'hiver pour récolter de l'argent pour les pauvres.

"Notre but est d'être capables d'aider la communauté par diverses activités, pour aider les gens de la communauté à mieux survivre" [la survie est un paradigme scientologique], a déclaré Ben Shaw, directeur des affaires externes de la Scientologie [OSA]. "Je pense que nous avons accompli cela dans beaucoup de domaines, avec beaucoup de gens."

Certains ne sont pas convaincus, et les détails parfois sordides de la mort de Mlle McPherson nourrissent leurs anxiétés.

"La mort de Lisa McPherson réaffirme que ce que nous entendions il y a 20 ans était vrai, et je n'ai rien vu ou entendu qui m'incite à penser qu'ils ont changé", a dit le maire de Clearwater, Rita Garvey, qui a gagné un procès l'année dernière contre un opposant soutenu par les Scientologues. "Ils peuvent être là, mais je ne les accepterai pas. Je refuse de les rencontrer."

L'obligation : une foi irréprochable et de larges donations

Il est clair que dans sa progression dans la Scientologie, Mlle McPherson a donné à son église plus que ce que les Américains donnent aux églises traditionnelles. Pendant les deux dernières années de sa vie, elle a payé 97.000$ pour des cours de Scientologie portant des noms comme "Mur de Feu" ou "Procédure de la Nouvelle Vie". Ses dépenses se montaient à 40% de ses revenus.

A cause de la décision de l'IRS, Mlle McPherson pouvait déduire ces dépenses comme dons à une oeuvre de charité. En 1994, ses dépenses de 55.767$ lui permirent d'obtenir un remboursement de 17.500$ d'impôts qui, selon des documents du procès fournis par sa famille, furent utilisés pour acheter d'autres cours.

Les autorités et les avocats Scientologues disent qu'il est possible de progresser en Scientologie sans payer de grosses sommes d'argent et rejettent l'idée selon laquelle il y avait quoi que ce soit d'inhabituel dans les donations de Mlle McPherson.

"C'était une femme de 36 ans qui était Scientologue depuis 13 ans, et elle pouvait donner ce qu'elle avait envie de donner", a déclaré Laura L. Vaughan, un des 20 avocats engagés par l'église pour traiter l'enquête et le procès intenté par la famille. "Il y a beaucoup de personnes qui donnent énormément d'argent à l'église".

Les liens de Mlle McPherson avec l'église allaient au-delà des donations. Comme beaucoup de Scientologues, l'église était devenue sa vie.

Elle était cadre commercial pour une petite entreprise appartenant à des Scientologues, dirigée selon les théories de management du fondateur de l'église L. Ron Hubbard. Beaucoup de ses collègues et amis étaient Scientologues et, quand elle n'atteignait pas ses buts à son travail, elle était soumise aux techniques scientologiques pour régler les problèmes [l'Ethique].

Fidèle à la croyance de l'église dans la réincarnation, Mlle McPherson signa ce que la Scientologie appelle un "contrat d'un milliard d'années", comme membre de la Sea Organization, l'élite des Scientologues. Elle quitta ensuite cette position, mais resta une Scientologue dévouée. Et quand sa vie commença à s'écrouler, elle tourna le dos aux traitements médicaux convenionnels et chercha un refuge dans la Scientologie.

"Pour les membres très actifs, la Scientologie devient une institution totalitaire" dit Stephen A. Kent, sociologue à l'Université d'Edmonton, en Alberta, qui a étudié l'organisation. "Cela leur fournit tout depuis des occupations, des traitements pseudo-médicaux, des loisirs et un système de justice, jusqu'à un but supérieur pour leur vies".

Mlle McPherson a rejoint la Scientologie en 1982 dans sa ville natale de Dallas. Onze ans plus tard, elle arrivait à Clearwater au milieu de la vague des pélerins vers une ville qui pour des raisons qui restent peu claires [:-)] fut choisie par Hubbard comme sa Mecque.

L'entreprise de Mlle McPherson, AMC Publishing Co., avait déménagé de Dallas pour être plus près de la Scientologie. AMC, qui vend du matériel promotionnel dans l'industrie des assurances, est l'une parmi les douzaines d'entreprises ici qui appartiennent au World Institute of Scientology Entreprises, ou WISE. Ces entreprises fonctionnent selon les théories de management de Hubbard et payent une dîme à la Scientologie, habituellement 10% des bénéfices annuels.

Ils suivent souvent les méthodes de la Scientologie pour manier la discipline et d'autres sujets concernant le travail, et les employés sont encouragés à prendre des cours dans l'église.

La Scientologie se décrit comme la seule nouvelle religion importante à emerger au 20e siècle et prétend avoir huit millions de membres dans le monde, même si les critiques l'estiment à beaucoup moins [entre 50.000 et 100.000 membres actifs]. Alors que ses bureaux principaux sont à Los Angeles et Clearwater, l'église maintient des missions dans beaucoup de pays étrangers, incluant l'Allemagne et La Grande Bretagne. Le fondateur, Hubbard, disait que nous sommes des esprits immortels qui avons vécu beaucoup de vies antérieures et accumulé beaucoup de souvenirs traumatisants qui sont des obstacles à la réalisation de notre plein potentiel [OT3-Xenu].

Les adhérents croient que ces afflictions peuvent être éliminées au cours de séries de cours pseudo-psychothérapeutiques appelés audition. La plupart des cours incluent des questions détaillées concernant la Scientologie et la vie des membres, par des gens travaillant pour l'église qui vérifient les réponses à l'aide d'un détecteur de mensonges rustique qu'ils appellent Electromètre. Le résultat, après des années de cours est un être dont tous ses problèmes ont été "clairifiés".

A Clearwater, Mlle McPherson a d'abord bien réussi. En 1994, elle écrivit à un oncle qu'elle réussissait bien et atteignait des cibles difficiles dans sont travail. Elle avait gagné pour un montant de 136.812$ en commissions.

Et, sur un niveau personnel, elle était en train de réparer les relations depuis longtemps rompues avec sa mère Fannie, restée à Dallas. Dans une vidéo du 31 Décembre 1994, on peut la voir rire et parler avec ses cousins avec un léger accent texan pendant qu'ils font les préparatifs pour le nouvel an.

"Fannie avait finalement décidé qu'elle n'avait qu'à ignorer la partie Scientologie si elle voulait une relation avec Lisa et elles commençaient à tellement bien s'entendre" se rappelle Dell Liebreich, une des tantes de Lisa, alors qu'elle regardait une caisse des possessions de sa nièce chez elle à Yantis, 120 Km à l'est de Dallas.

Malgré ses revenus, Mlle McPherson vivait frugalement. Elle partageait un appartement à 695$ par mois avec un co-locataire et achetait peu de bijoux et de meubles. Mais aucune dépense n'était épargnée quand il s'agissait de la Scientologie.

Les finances de l'église présentées lors du procès avec la famille montrent que Mlle McPherson paya 55.767$ pour des cours en 1994 et 41.924$ en 1995.

L'effondrement : La montagne russe en vrille

La dernière année de la vie de Mlle McPherson fut tumultueuse. En termes scientologiques, elle était sur les "montagnes russes", ce qui veut dire qu'elle avait de brusques sautes émotionelles. En Juin 1995, elle semble avoir souffert d'une dépression nerveuse. Un rapport préparé par l'église après sa mort dit qu'"elle s'est enterrée et est partie en vrille (dépression nerveuse)".

Elle passa deux jours à récupérer à l'hôtel du Fort Harrison à Clearwater, la principale retraite de l'église. Ses contributions à l'église chutèrent brutalement, mais un mois plus trad elle avait recommencé à payer des milliers de dollars par semaine dans des cours.

Ses commissions à son travail demeuraient faibles, cependant, et elle emprunta à ses employeurs de quoi payer pour les cours. Les comptes de AMC montrent que Mlle McPherson emprunta plus de 33.000$ en 1995, entièrement utilisés pour payer des cours dans l'église.

En Septembre, elle avait apparemment suffisemment récupéré pour atteindre le status tant convoité de clair. Des photos de la cérémonie de félicitations montrent Mlle McPherson rayonnante, et elle écrivit des lettres de remerciement passionnées à ses compagnons Scientologues.

Mais la montagne russe allait vers le bas. Fin Octobre, elle téléphonait à sa mère, sanglotant qu'elle avait laissé tomber son groupe à son travail, selon sa tante [laisser tomber le groupe est une formule qui correspond à un status inférieur dans la Scientologie accompagné de nombreuses restrictions].

Deux semaines plus tard, elle téléphona à Kelly Davis, son amie d'enfance à Dallas, lui disant qu'elle allait rentrer pour de bon, à Noël au plus tard. Dans une déposition sous serment, Mlle Davis dit qu'elle interpréta les remarques de Mlle McPherson comme signifiant qu'elle quittait l'église.

Sa tante, Mme Liebreich, dir que la famille pensait également que Mlle McPherson pensait à quitter la Scientologie. Les avocats de l'église disent qu'elle n'avait aucune intention de quitter le groupe. Au lieu de plans pour aller à Dallas, ont dit les avocats, Mlle McPherson avait fait une réservation pour une croisière sur le Freewinds, un bateau appartenant à l'église [sur lequel il n'y a pas de croisières, mais les cours les plus secrets de la Scientologie].

Elle n'est jamais partie ni chez elle ni en croisière.

Au crépuscule du 18 Novembre 1995, Mlle McPherson conduisait sa Jeep 1993 à Clearwater quand elle heurta un bateau tracté par une voiture arrêtée par un autre accident. Les dégats étaient légers et les infirmiers sur les lieux examinèrent Mlle McPherson et déclarèrent qu'elle n'était pas blessée.

Puis elle enleva ses vêtements et commença à marcher le long de la rue. Bonita Ann Portolano, un des infirmiers, dit que Mlle McPherson marmonnait, disant qu'elle n'avait pas besoin de corps pour vivre [discours scientologique] et qu'elle avait enlevé ses vêtements parce qu'elle avait besoin d'aide.

Dans une déposition suivante, Mme Portolano estimait que Mlle McPherson pesait 77 kg. "Elle était en très bonne santé, tout juste voluptueuse."

Après que Mlle McPherson fut emmenée dans un hôpital proche, sept Scientologues, incluant des membres haut placés arrivèrent. Ils refusèrent un traitement psychiatrique et dirent qu'elle ne se blesserait pas, et elle fut laissée aux soins de ses coreligionnaires.

Alors que les Scientologues acceptent des traitements médicaux, Mlle McPherson obéissait à la consigne de l'église rejettant les soins psychiatriques. La littérature de l'église dit que les psychiatres furent payés par le gouvernement pour dénoncer la Scientologie comme une arnaque quand Hubbard, un écrivain de science-fiction à succès, commença l'église en 1954 [mensonge : Hubbard a d'abord essayé de se faire reconnaître par la psychiatrie avant de commencer à l'attaquer par tous les moyens possibles pour des raisons évidentes de concurrence].

En 1969, l'église créa la Commission des Citoyens pour les Droits de l'Homme, qui était supposée mettre à jour et éradiquer "le manque de respect des droits de l'homme par la psychiatrie." En Janvier 1974, Hubbard écrivit un article décrivant ce qu'il appelait la "Procédure d'Introspection" pour traiter les personnes souffrant de dépressions nerveuses. Il dit que la technique est "de l'ordre des découvertes les plus importantes du 20e siècle" et qu'elle va en finir avec la psychiatrie.

La première étape consiste à isoler les personnes qui souffrent de dépressions pour les protéger et protéger les autres. Personne n'a le droit de leur parler ni d'être à portée de voix, sauf pour donner des cours censés localiser et corriger les problèmes qui ont conduit à la dépression.

La mort : d'une chambre d'hôtel à une salle des urgences

Lisa McPherson passa ses derniers jours en isolation dans la chambre 174 à l'arrière de l'Hotel Fort Harrison. Un avocat de l'église décrivit d'abord son séjour comme du repos dans une interview, et il dit qu'elle n'avait reçu aucun traitement médical.

Mais 33 pages de rapports écrits à la main donnent une version beaucoup plus sinistre. Les rapports furent renuds publics cet été sur l'ordre du juge présidant le procès McPherson.

Ce sont les membres de la Scientologie qui ont surveillé Mlle McPherson 24h par jour qui les ont tenus, et les notes décrivent une femme dont la condition mentale se déteriorait rapidement et dont la santé commença à flancher bien avant sa mort.

Deux jours après son arrivée, les rapports signalent que Mlle McPherson recrachait la nourriture et vomissait. Le quatrième jour, elle était devenue pâle et fiévreuse. Elle est souvent décrite comme violente, donnant des coups à ses surveillants et tapant sur les murs.

Elle se souillait et avait des hallucinatons, croyant qu'elle était Hubbard. Un des rapports indique qu'elle essaya de quitter la pièce, mais les avocats de l'église disent qu'elle n'était pas enfermée contre sa volonté. En fait, selon Mlle Vaughan, l'un des avocats, elle était incapable de prendre soin d'elle-même.

Parmi ceux qui la surveillaient se trouvait le Dr. Janis Johnson, membre du bureau médical de l'église. Le Dr Johnson est un médecin qui n'a pas de licence pour pratiquer en Floride et qui avait accepté des restrictions sur sa licence médicale en Arizona en 1993 après la mise en cause par deux hôpitaux de ses prescriptions de médicaments.

Le premier Décembre 1995, le Dr Johnson administra une ordonnance de somnifères à Mlle McPherson et laissa des instructions écrites pour qu'on donne à Mlle McPherson deux litres de liquide à son réveil.

Kennan Dandar, l'avocat de la partie civile, dit que deux litres représentent une quantité importante de liquide, et que ces instructions étaient une indication que Mlle McPherson avait besoin d'assistance médicale immédiate.

"Ils auraient dû l'emmener immédiatement à l'hôpital", dit Dandar. "Au lieu de quoi, ils la gardèrent là-bas jusqu'à ce qu'elle meurre."

Les notes du 2 et 3 Décembtr indiquent que Mlle McPherson but quelques liquides et était cohérente par moments. Les autorités Scientologues disent qu'ils n'arrivent pas à retrouver les notes pour les deux derniers jours de sa vie.

Le soir du 5 Décembre, la condition de Mlle McPherson s'était déteriorée au point que le Dr Johnson eut recours à une aide extérieure.

Les rapports indiquent qu'à environ 19h, elle télephona à un Scientologue qui travaillait comme docteur aux urgences d'un hôpital de New Port Richey, Floride, à 45 minutes de Clearwater. Le Dr Johnson et un autre membre de l'église emmenèrent Mlle McPherson à l'hôpital de New Port Richey, passant devant quatre autres hôpitaux.

Quand ils arrivèrent, selon les rapports de l'hôpital et les documents du procès, Mlle McPherson n'avait plus de pouls. Elle fut déclarée morte après 20 minutes d'efforts pour la ranimer.

"Elle était maigre, pas soignée et sale", dit l'infirmière des urgences qui aida à tenter de ranimer Mlle McPherson.

Parce que c'était une mort violente, une autopsie fut effectuée, qui révela que Mlle McPherson, qui mesurait 1m75, pesait 54 kg et qu'elle avait des éraflures et des bleus sur ses mains et ses bras. La cause de la mort fut établie comme une thromboembolie, un caillot de sang, dans son artère pulmonaire gauche.

Une importante deshydratation et le repos alité ont causé le caillot, selon l'autopsie. Une enquête de police fut démarrée, sous forme de routine.

La conclusion : L'enquête prend de l'ampleur, entraînant un procès

En Janvier, le Dr Joan Wood, l'examinateur médical, apparut sur "Inside Edition", une émission télévisée. Disant qu'elle parlait seulement à cause de la désinformation de l'église, Wood dit que l'autopsie indiquait que Mlle McPherson avait été privée d'eau pendant au moins 5 à 10 jours, peut-être davantage.

Elle dit que Mlle McPherson est restée inconsciente pendant 24 à 48 heures avant sa mort et que les égratignures sur ses bras étaient des morsures de cafards. "C'est le cas le plus grave de deshydratation que je n'ai jamais vu".

L'église a engagé ses propres experts médicaux. Ces avocats dans l'investigation criminelle, Mlle Vaughan et Lee Fugate, on dit dans une interview que ces experts contredisaient le Dr Wood. D'après leurs résultats, la mort de Mlle McPherson n'avait pas de rapport avec son séjour dans la retraite. Les avocats ont refusé de nommer les experts.

Ils disent également que le pathologiste du comté qui a réalisé l'autopsie n'est pas en accord avec certaines conclusions du Dr Wood et remettent en cause l'estimation de l'infirmière selon laquelle Mlle McPherson pesait 77 kg le jour de l'accident.

"Un Scientologue peut refuser un traitement psychiatrique et être soigné en accord avec ses propres croyances religieuses" a dit Mlle Vaughan. "Et alors que cela peut ne pas être facilement compréhesible pour un non-Scientologue, c'est un dogme important de leur religion et de leur croyance. Quand un témoignage médical compétent sera publié, ce que vous aurez, c'est une femme qui est morte d'une embolie pulmonaire accidentelle."

En Février, la famille McPherson attaqua l'église au nom de Lisa McPherson. L'accusation soutient que Mlle McPherson était maintenue contre sa volonté et qu'elle est morte après être tombée dans le coma.

A peu près au même moment, la police de Clearwater a augmenté le champ de ses investigations. Sur les dix derniers mois, des inspecteurs ont interviewé des douzaines de Scientologues et d'experts du monde entier.

Les autorités de la police refusent de donner leurs conclusions, mais les résultats sont attendus pour ce mois-ci.

Le procureur Bernie McCabe, procureur en chef du Comté, décidera si des charges criminelles sont retenues. McCabe a déclaré dans une interview qu'avant de prendre sa décision, il allait utiliser la procédure inhabituelle de laisser les avocats de la Scientologie présenter les résultats de leurs investigations, inclluant des analyses de plusieurs pathologistes en médecine légale.

"Est-ce que cela arrive tous les jours que la défense présente ses preuves avant que les accusations soient présentées ?" a dit McCabe. "Non. Mais refuser de se donner une opportunité de vérifier les preuves de la défense avant de prendre une décision serait stupide".

Au Texas, Dell Liebreich attend impatiemment la décision.

Elle a pris en charge le procès après que la mère de Mlle McPherson soit morte d'un cancer cette année. Son avocat, Dandar, lui dit que le résultat de l'enquête criminelle n'aura pas d'incidence sur le procès, mais Mme Liebreich dit qu'elle voulait que des gens soient déclarés responsables pour la mort de sa nièce. "Ils l'ont assassinée, et nous ne voulons pas que cela arrive à qui que ce soit d'autre."



© copyright NY Times -- Translation into French by Miguelito



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